L'ATELIER DE VANNERIE (maison
n° 2 de la région I ,14)
Avec la mise au jour d’un atelier de vannier à Pompéi
l’intérêt pour ce secteur de l’artisanat
est relancé : les données fournies par les auteurs
anciens peuvent enfin être complétées par un
témoignage direct unique, le seul recensé jusqu’à
présent pour la partie occidentale de l’Empire romain.
Les textes antiques donnent quelques indications sur le métier
de vannier, notamment sur les matériaux végétaux
utilisés (saule, osier, roseau, poivrier sauvage, asphodèle,
laiche, fougère, ronces diverses, vigne, papyrus…).
Ils variaient suivant les ressources locales et les conditions climatiques.
Ainsi il a pu être prouvé par l’archéologie
qu’une des matières premières utilisées
par les fabricants de nattes (“tegettarii”)
était une graminée : "ampelodesma tenax".
Bien que la production de vannerie, surtout en milieu rural, soit
une activité domestique saisonnière réservée
aux mois de moindre activité ou aux heures de veillées,
la lecture des textes et l’examen des représentations
figurées révèlent le nombre important et la
diversité des objets réalisés en vannerie (claies,
carcasses de boucliers, nattes, fauteuils, chapeaux, sandales, muselières
pour le bétail).
La liste des noms de métier liés à la vannerie
: uiminarius : vannier ou marchand d'osier; salictarius:
osiériste ou vannier ; spartarius :alfatier budinarius
: fabricant de nattes … ainsi que le terme de “tegettarius”
fabricant et marchand de nattes uniquement retrouvé sur une
peinture électorale à Pompéi tend à
prouver que ces artisans qui participaient à la vie politique
de la cité, avaient un rôle notable dans la vie économique
formant peut-être une corporation.
L' atelier
de la région I, 14, 2 fut partiellement mis à jour
en 1954, lors d’un programme dirigé par A. Maiuri.
Par la suite, seul le jardin a été étudié.
Ce n’est qu’en 1992 que la maison a pu être identifiée
comme un atelier de vannerie.
La découverte de plusieurs fagots de tiges carbonisées
dans deux petites pièces a permis de reconnaître un
atelier de tressage des végétaux.
Outre la matière première nécessaire à
l’artisan, une longue cuve peu profonde, destinée au
trempage et au rouissage des tiges, fut dégagée dans
le jardin.
L’entrée débouche sur un atrium orné
d’un petit impluvium carré. Il s’agit
très vraisemblablement d’une demeure privée
réoccupée et remaniée par un artisan. Peut-être
fut-elle cédée à celui-ci à la suite
des dommages occasionnés par le tremblement de terre de 62.
La maison présente en effet clairement deux états
successifs:
Le
premier, antérieur à l’installation de l’atelier,
concerne une habitation privée, de niveau social sans doute
moyen. Cette demeure comportait un étage, comme en témoignent
des vestiges de deux escaliers. L’élément
le plus remarquable est la salle de réception, ornée
d’un sol en signinum en très bon état
(motif circulaire encadré par quatre palmettes et une frise
de méandres), et surtout d’une peinture murale de
belle facture attribuable au IVe style.
Le
second état de la maison correspond à un atelier
de vannerie, actif au moment de l’éruption de 79.
Cet aménagement est d’autant plus remarquable qu’il
s’agit de la première et unique attestation d’un
atelier de ce type, que ce soit en milieu urbain ou dans un cadre
rural. Le nouveau propriétaire n’a apparemment apporté
que des modifications minimes aux structures bâties d’origine,
uniquement liées à son activité artisanale.

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